Microfibres dans l’océan : impacts sur le zooplancton et le réseau trophique
Le laboratoire des plastiques Ocean Wise récemment publié les résultats d’une nouvelle recherche sur les microfibres, menée en collaboration avec nos partenaires de l’Université de la Colombie-Britannique. Dans ce blog, nous explorons le rôle du zooplancton dans l’écosystème et présentons les impacts des microfibres.
Qu’est-ce que le zooplancton et pourquoi est-il important ?
Le zooplancton est un groupe de petits organismes marins qui flottent près de la surface de l’eau et se déplacent en étant emportés par les courants, se nourrissant de phytoplancton (algues marines) et d’autres zooplanctons. La santé du zooplancton est essentielle à l’écosystème. Ces minuscules créatures affectent la santé de leurs prédateurs, comme les saumons juvéniles, les harengs et les poissons de fond. Les relations entre les prédateurs et les proies dans un écosystème sont connues sous le nom de réseau trophique – tout ce qui se passe plus bas (où se trouve le zooplancton) peut avoir un effet d’entraînement à des niveaux supérieurs.

Amphipode (Cyphocaris challengeri) avec une microfibre ingérée.
Que sont les microfibres et pourquoi sont-elles importantes ?
Les microfibres sont des fibres de moins de 5 millimètres de long, connues pour se détacher des vêtements lors du lavage. Selon notre estimation, les ménages américains et canadiens relâchent ensemble le poids de dix baleines bleues en microfibres chaque année via des lavages de lessive. Pour réduire cette pollution, nous pouvons laver notre linge avec des cycles froids et doux et installer un filtre en microfibre – plus d’informations ici !
Le problème avec les microfibres (outre le fait que leur perte signifie que les vêtements ne durent pas aussi longtemps !) est qu’elles finissent dans l’océan. Grâce à la lessive, les microfibres se retrouvent dans les écosystèmes aquatiques. Ils ont été trouvés dans le plancton, les fruits de mer, dans l’estomac de mammifères marins et à des profondeurs allant jusqu’à 1 000 mètres.
Comment les microfibres affectent-elles les écosystèmes océaniques ?
Malheureusement pour le zooplancton, les microfibres ressemblent à leur nourriture normale. Comme le zooplancton ne peut pas faire la différence, il mange les fibres. Cela signifie que le zooplancton se sent rassasié, lorsqu’il n’a pas mangé d’aliments qui lui fournissent les nutriments dont il a besoin pour survivre.
Les excréments de plancton sont essentiels au réseau alimentaire marin, et constituent aussi un moteur important du cycle du carbone sous-marin (comment l’océan aide à stocker le carbone). D’autres créatures vivant au fond comme les vers, les crabes, les poissons se nourrissant du fond, les concombres de mer et les étoiles de mer dépendent des excréments de plancton pour se nourrir afin de maintenir l’écosystème sain. Les selles de plancton sont moins riches en nutriments lorsque le plancton mange des microfibres, donc ces créatures du fond ne reçoivent pas les nutriments qu’elles recevraient habituellement.

Microfibres de polyester visibles dans le caca de plancton sur une image au microscope.
Qu’a révélé notre étude ?
Notre étude a montré que :
- Le zooplancton retourne dans les profondeurs de l’océan avec des microfibres trouvées à la surface de la mer dans leurs intestins. Grâce à leurs excréments, ils mettent ces microfibres à la disposition d’autres animaux des profondeurs.
- Étant donné que le poids des microfibres de polyester est plus lourd que celui de la nourriture riche en nutriments habituelle des amphipodes, les excréments de zooplancton coulent plus rapidement, de sorte que le carbone et les nutriments sont transportés loin de la surface et poussés vers les profondeurs de l’océan. Les conséquences exactes de ce phénomène ne sont pas claires, mais il pose la question suivante : quel est l’impact relatif des microfibres sur les océans proches de la surface et des profondeurs ? Nous nous attendons à ce que les recherches futures soient suivies d’une étude plus complète de cette dynamique.
Dans cette étude, nous avons créé une version miniature (un microcosme) du détroit de Georgia en Colombie-Britannique dans notre laboratoire. En utilisant ce microcosme, nos chercheurs ont pu dire qu’en effet, les amphipodes confondent les microfibres avec de la nourriture, mangeant plus de fibres lorsqu’il y en a plus disponibles. Les amphipodes qui mangent beaucoup de microfibres n’obtiendront pas les nutriments dont ils ont besoin et ne feront pas de nourriture nutritive pour les prédateurs qui les mangent. De cette façon, les microfibres deviennent un problème pour les prédateurs du zooplancton comme le saumon juvénile, le hareng et le poisson de fond. À mesure que les microfibres continuent d’augmenter dans l’océan, cela peut avoir des effets sur les réseaux trophiques marins. Notre étude s’ajoute aux preuves de plus en plus nombreuses des dommages causés par les microfibres dans les écosystèmes océaniques.
Que pouvons-nous faire contre les microfibres dans l’océan ?
Pour éviter la décharge de microfibres dans notre océan, nous avons deux recommandations.
- Lavez votre linge à froid et en douceur ! Nos recherches ont montré que cela peut réduire la perte de microfibres jusqu’à 70 % !
- Essayez d’acheter moins d’articles en premier lieu. Moins de demande pour de nouveaux articles équivaut à moins de tissus produits et au nombre de microfibres qui tomberont en conséquence.
Pour en savoir plus sur nos recherches, consultez l’article récemment publié intitulé « Étude en microcosme des effets des microfibres de polyester sur l’amphipode marin indigène (Cyphocaris challengeri) dans le détroit de Georgia (Colombie-Britannique, Canada) ». Ocean Wise est reconnaissant envers la professeure Maite Maldonado de l’Université de la Colombie-Britannique pour son leadership éclairé sur la pollution par les microplastiques en Colombie-Britannique et pour son soutien à cette recherche. Ce projet de recherche a été rendu possible grâce au financement de Pêches et Océans Canada, d’Environnement et Changement climatique Canada et au soutien en nature de l’Ocean Wise Microfiber Partnership.
Posted December 5, 2023 by Cayley Elcombe